Voir les choses « telles qu’elles sont » ou voir les choses de manière constructive ?
« La séquence tournait à la catastrophe. Vous aviez proposé de discuter librement de l’état des lieux de la situation avec le groupe que vous accompagniez, une équipe dont le n+1 venait d’être nommé. Vous aviez été mandaté pour les aider à formuler une stratégie sur les prochains mois… et ça démarrait mal ! En effet, l’exercice d’état des lieux se transformait en réquisitoire contre le nouveau boss : pas assez courageux, trop politique, ignorant du terrain… Les participants de l’équipe étaient clairement remontés ! Les rares points positifs (il semblait donner plus de marge de manœuvre que son prédécesseur par exemple) étaient ignorés par le groupe. Vous voyiez mal comment emmener le groupe vers un état d’esprit plus constructif pour bâtir un plan d’action… »
En tant que facilitateur, comment éviter ce genre de situation ?
Il est certes essentiel d’écouter le groupe, de faire en sorte qu’il puisse dire ce qu’il a à dire sur une situation donnée, mais il est très compliqué de faire avancer un collectif qui ne voit que le côté négatif d’une situation.
De même, il est toujours légèrement inquiétant de voir un groupe dresser un constat unanimement positif d’une situation. Les choses sont rarement parfaites, et plus souvent on préfère ignorer ce qui se passe mal…
L’avocat de l’ange, avocat du diable : un constat équilibré d’une situation
En tant que facilitateur, votre objectif est que le groupe produise une vision réaliste et donc équilibrée d’une situation, de manière à pouvoir construire ensuite un plan d’action ou des décisions collectives.
Pour cela, il existe un exercice simple et efficace : l’avocat de l’ange, avocat du diable, qui force le groupe à identifier autant de points négatifs que de points positifs.
Cela permet de construire un constat équilibré sur une situation. L’exercice pousse de plus les participants à réfléchir à la situation au-delà de leur jugement instinctif pour produire des idées qui seraient, autrement, restées tues.
Animer un avocat de l’ange, avocat du diable
Infos pratiques
- Contexte : quand il faut faire un état des lieux
- Temps : 10 à 30 minutes — selon la taille du groupe
- Qui : le groupe
- Matériel : paperboard, post-its
La séquence
Vous devez réaliser l’état des lieux d’une situation, avec ses points positifs et ses points négatifs.
Tracez une ligne verticale sur un paperboard : à gauche, dessinez un ange, à droite, un diable.
Demandez ensuite au groupe de produire individuellement un maximum d’idées concernant l’état des lieux : qu’est-ce qui est positif dans la situation, qu’est-ce qui se passe bien, de quoi est-on fier ? Et, qu’est-ce qui est négatif, difficile, décevant ?
Récoltez les post-its et affichez les dans les colonnes correspondantes. Relancez la production d’idées (on vise toujours le maximum d’idées !).
Annoncez ensuite la consigne : l’objectif est de produire in fine autant de post-its du côté ange et du côté diable. L’égalisation peut prendre du temps et c’est tant mieux ! Toutes les idées doivent être prises en compte, même quand elles déséquilibrent le bilan. La contrainte forcera le groupe à produire des idées inattendues.
N’hésitez pas à passer du temps sur l’exercice. Les groupes ont souvent tendance à vouloir abréger les exercices de clarification ou d’état des lieux, or ce sont ces étapes là qui garantissent la qualité du travail qui suivra.
Les bénéfices
Cet exercice permet de générer un état des lieux exhaustif et partagé au sein du groupe.
- La consigne produit un effet de relance automatique de la génération d’idées et pousse ainsi à creuser un sujet (il faut qu’on trouve des points positifs)
- Le moment de partage et la construction à plusieurs fondent le groupe et permet de dégager une vision commune (sans poser la question de ce qui est vrai ou faux, justifié ou non)
- L’exercice permet d’éviter de tomber dans la critique ou l’encensement total