Les conversations dans un atelier de travail
« L’atelier se passait parfaitement. L’équipe travaillait avec plaisir et efficacité quand, Françoise, la manager récemment nommée démarra une conversation relativement houleuse avec Jean-Luc, le plus ancien dans l’équipe. Fallait-il inclure le directeur marketing dans la réflexion sur la conception de cette nouvelle offre ? Evidemment pour Françoise, pas sûr pour Jean-Luc. La conversation entre les deux commençait à durer et le reste de l’équipe était en stand-by, comptant les points, légèrement désabusé. »
En tant que facilitateur, que faire dans ces moments-là ?
Surtout : ne pas prendre parti, ou entrer dans la conversation ! Votre objectif est de ré-enclencher une dynamique qui concerne tout le groupe et de désamorcer un conflit.
Prendre le temps de faire un tour de parole
Une technique simple, efficace : le tour de parole sans réponse ! Comme son nom l’indique, il s’agit d’amener chaque membre du groupe à se prononcer sur la question, sans commentaire de la part des autres.
Cette technique permet de passer rapidement d’un débat entre 2 personnes à une vision partagée des avis sur la question. Nous l’utilisons aussi très largement en début et en fin d’atelier, pour apprendre du groupe son humeur ou ce qu’il a retenu de la journée. Il s’agit dans tous les cas d’un temps spécifique, plus calme, qui permet au groupe (et à vous) de prendre conscience de lui-même.
Animer un tour de parole sans réponse
Infos pratiques
- Contexte : en début ou en fin d’atelier, si un sujet problématique apparaît
- Temps : 10 à 30 minutes — selon la taille du groupe
- Qui : le groupe
- Matériel : de quoi prendre des notes éventuellement
Le tour de parole sans réponse — 10 minutes
Faites asseoir le groupe, en cercle, et proposez à chacun de s’exprimer sur la question posée. Seules consignes : on ne commente pas ce qui est dit par les autres et tout le monde doit s’exprimer.
Les types de sujet qui peuvent être abordés en tout de parole sans réponse :
- une question qui oppose des membres du groupe (comme dans le cas de Françoise et Jean-Luc) ;
- un sujet de fond, stratégique qui apparait lors de l’atelier : faut-il approfondir un point, faut-il investir dans telle opportunité…. ;
- un ressenti sur une situation : une dissension, un changement en cours ;
- la « météo » du matin : comment je me sens en arrivant à l’atelier ;
- le retour du soir : mes sensations à l’issue de l’atelier.
Ce qui importe particulièrement, dans l’exercice, c’est le rappel bienveillant de la consigne : chaque participant doit s’exprimer et il est nécessaire d’attendre que tout le monde ait donné son avis avant de pouvoir discuter du sujet plus en avant.
La variante, en cas de prise de décision
Si le sujet est complexe, qu’il s’agit d’une décision à enjeux : chacun écrit sa réponse sur un papier ou un post-it, puis on fait le tour en commençant par la personne la plus junior et en finissant par le plus haut gradé. Cela permet d’éviter certains biais sociaux de conformité qui priverait le groupe de l’éventail des avis dans la pièce.
Les bénéfices
- Le tour de parole inclut chaque personne.
- Il donne la parole aux introvertis, à ceux qui auraient gardé leur avis pour eux-mêmes.
- Il permet un partage extrêmement efficace de l’information (interdire les commentaires et discussions permet une plus grande qualité d’échange d’informations).
- Il donne au groupe une conscience partagée des avis, opinions.
- Il permet de faire descendre l’énergie du groupe (en fin d’atelier, ou suite à des échanges compliqués).
Et entre Françoise et Jean-Luc ? Le tour de parole a permis, avec bienveillance, de pointer que ce sujet n’intéressait… que Françoise et Jean-Luc. Les deux ont convenu que ce n’était donc ni le lieu, ni le moment de poursuivre cette conversation. Tout le monde a été rassuré, la pression s’est relâchée, le groupe a repris le travail !