Chez EPIGO, on aime réfléchir, et parfois réfléchir à l’envers peut inspirer… Voici un petit exercice d’anti-recette, fruit de nos expériences de facilitateur.

Vous avez un séminaire prévu pour bientôt. Aïe ! Un alignement improbable des planètes a permis, comble de malchance, de trouver un créneau commun à toute l’équipe. Pffff ! On vous a recommandé un facilitateur qui est disponible. Et vous avez le budget… Mais il n’est pas trop tard pour échouer ! On le sait tous, les moments collectifs, l’intelligence à plusieurs, la capacité à prendre du recul… c’est fragile !

Voici quelques conseils éprouvés pour que votre séminaire soit un échec

Tout d’abord, c’est classique : ne rien préparer en amont. Considérer que la préparation du contenu du séminaire, c’est le boulot de l’intervenant (on ne lui demande pas de faire notre job, hein ?) et se concentrer sur des tâches tellement plus prioritaires. Imparable ! Rien de tel qu’une animation non clarifiée pour faire perdre son temps à tout le monde. Traiter le mauvais problème, avec des exercices qui tombent à côté et une équipe qui ne sait pas ce qu’elle fait là… Combo gagnant pour 48 h de plaidoyer contre l’intelligence collective.

Le petit truc en plus : un lieu vraiment inadapté. Des tables inamovibles vissées au sol. Une lumière blafarde. Une salle exiguë. Oui, la triste salle de réunion du quatrième étage est votre arme secrète dans la lutte pour la préservation du travail en silo !

L’imparable : un timing trop court, des objectifs trop grands (et mal précisés) : 1h30 pour faire le point sur l’année passée, formaliser des objectifs à 5 ans, à décliner en feuille de route opérationnelle pour chacune des 25 personnes de l’équipe. Avec ça, c’est sûr, ils vont tous se convertir aux bienfaits de l’autocratie !

Si malheureusement vous avez flanché sur la phase amont, il n’est pas trop tard pour mal faire !

Pendant le séminaire, veillez à ce que les membres de votre équipe aient des dossiers à traiter en urgence : ordinateurs ouverts à chaque pause, collègues qui s’éclipsent toutes les demi-heures, l’air gêné, pour régler un problème brûlant. La réflexion collective ne fera pas le poids face aux assauts du quotidien, portés à travers les smartphones allumés et les ordinateurs en veille, posés pas trop loin.

Dernier clou dans le cercueil de la collaboration : faire réfléchir l’équipe sur des sujets sur lesquels vous avez déjà pris votre décision. Rien de tel pour prouver que les conversations, c’est bon pour la machine à café !

Enfin, en séance, nos astuces pour éteindre toute étincelle d’intelligence collective :

  • introduire le séminaire, puis partir en les laissant travailler entre eux (vous avez du boulot, il faut que ça se voie !) pour revenir lors de la conclusion (et donner vos décisions prises en amont). Fin de la récré !

  • réactiver un vieux conflit non résolu entre deux participants, les laisser se prendre le bec vivement et ne surtout pas les aider à régler ce différend ;

  • utiliser ce moment collectif pour évaluer chacune des personnes de votre équipe. En ajoutant un peu de challenge : « je compte sur vous pour régler ce problème, sinon… » ;

  • ou encore, pratiquez l’onboarding subtil : ceux qui n’adhèrent pas n’ont rien à faire ici ! (les séquences de discussions disparaissent miraculeusement, c’est autant de temps de gagné !) ;

  • enfin, et on n’a encore pas trouvé mieux : montrer que c’est-vous-qui-savez. Occuper tous les sujets, toutes les conversations. Ne laisser aucun espace pour réfléchir à plusieurs.


Voilà, vous avez les cartes en main pour démontrer ce que vous saviez déjà intimement : une équipe a besoin d’un chef qui décide ! Les moments collectifs, c’est bon pour amuser les employés, raconter des ragots et faire perdre du temps à tout le monde !

Si vous avez d’autres astuces pour faire rater un séminaire, nous sommes preneurs ! Il serait tellement dommage que le front de la verticalité hiérarchique perde du terrain !