Etre entendu·e, c’est possible ?

Créer un espace d'expression pour que chacun·e se sente VRAIMENT entendu·e, c’est primordial ! Joy vous présente les 4 conditions pour mettre en place cet espace d'écoute.

CONTEXTE

Je coanimais, il y a quelques temps un séminaire au sein d’une entreprise avec un historique fort de management hiérarchique. Nous avions été briefé·es par les dirigeant·es, la situation sociale parmi les employé·es était tendue. 

Le problème : des collaborateur·trices qui ne sentaient pas entendu·es et qui ont fini par taper à la porte du CSE !

Cette question : “comment faire pour être entendu·e” est un sujet vital, qui m’accompagne depuis un long moment à titre personnel. J’ai ainsi été amenée à travailler mon assertivité (« capacité à s’exprimer et à défendre ses droits sans empiéter sur ceux d’autrui”). Ce n’est pas simple, mais c’est libérateur et apaisant. Et ce sujet m’anime aussi en collectif, via ma pratique de la facilitation. J’ai ainsi à cœur d’approfondir les conditions pour que le point de vue de chacun·e soit réellement entendu, le corollaire étant que la valeur de chacun·e soit reconnue.

Avec, au fond de l’esprit cette interrogation : à quoi ressemblerait notre vie en entreprise, voire en société si chacun·e se sentait vraiment entendu·e ?

 

A la suite de notre travail de cadrage, en lien avec les interviews réalisées sur le terrain et en accord avec notre client, nous avons conçu le séminaire autour de ces 2 questions : 

  1. Comment créer les conditions pour chacun·e s’exprime ?
  2. Et surtout, comment montrer qu’à partir de maintenant leur avis sera entendu ?

CONDITIONS DE SUCCES

Je vous propose de partager avec vous :
  • les conditions qui d’après notre expérience, permettent à chacun·e de se sentir entendu·e. 
  • la façon de les mettre en place en tant que facilitateur.trice  
  • 👍l’application pratique lors de ce séminaire
 

➡️ La 1ère condition c’est déjà de se sentir autorisé·e à exprimer son point de vue : je dois me sentir en sécurité pour parler. 

Faire intervenir un·e facilitateur·trice externe permet de poser ce cadre, d’aménager un espace pour que chacun·e puisse s’exprimer. 

Durant le séminaire, nous avons notamment posé des règles du jeu partagées pour créer un cadre de confiance et organisé des séquences avec et sans manageur·euses pour libérer la parole.

➡️ La 2ème condition c’est d’accorder de la valeur à la subjectivité, considérer que la somme des subjectivés est utile pour décrire une situation

Le rôle du facilitateur·trice est d’aider chacun à prendre du recul sur son point de vue, cela permet d’intégrer que d’autres points de vue co-existent. Ne pas connaître le contexte est un atout : cela permet de poser ces questions que personne n’ose poser, et dont la réponse permet à chacun·e de mieux comprendre ce qui se joue. 

Durant le séminaire nous avons ainsi proposé aux collaborateur·trices de coconstruire un historique “subjectif” menant à la situation actuelle.

➡️ La 3ème condition, c’est de savoir que sa parole compte, est attendue : demander leur avis aux gens ne suffit pas. Ils exprimeront un avis, si et seulement si, ils ont confiance dans le fait que leur avis pourra influer sur les décisions prises. 

Dans certains contextes, le rôle du facilitateur·trice c’est, en amont, de faire clarifier par les commanditaires du processus ce point pour rassurer les équipes. 

C’est ce que nous avons fait avec notre client en faisant intervenir la direction durant le séminaire qui s’est exprimée sur le changement de cap vers une relation d’écoute.

➡️ La 4ème et dernière condition, c’est de constater que mon avis est pris en compte : il est important dans les démarches d’intelligence collective d’éprouver rapidement cela. 

Lors d’une séquence facilitée, cela peut passer par de la co-construction ou de la co-décision. Il est nécessaire qu’il y ait des marges de manœuvre pour que le groupe ait une influence et que celle-ci soit visible ! Nous avons ainsi fait réagir les collaborateur·trices sur des actions proposées par les manageur·euses (actions OK, à améliorer ou à supprimer). 

Pendant la journée, les manageurs ont eu à réviser le plan d’action suite aux retours des équipes qui ont pu constater le jour même que leur point de vue avait produit un effet et donc été entendu.

Se sentir entendu·e, c’est donc se sentir autorisé·e à s’exprimer, intégrer que ce que je pense n’est qu’un point de vue parmi d’autres, c’est croire que ce je vais dire a de l’importance et enfin c’est aussi pouvoir constater qu’en exprimant mon avis, je peux avoir une influence sur des décisions.

 

Être entendu·e, c’est aussi le point de départ d’une possible transformation des relations. Car oui, une séquence collaborative peut avoir des effets dans la durée ! Si lors d’un atelier j’ai entendu que Michel est très sensible à tel sujet, qu’il voit tel risque, et a telle compétence : je peux enrichir ma perception de la situation en accordant de la valeur à son point de vue voire en l’intégrant à la mienne, et je peux aussi envisager d’autres façons de travailler avec lui par la suite 🙂

CONCLUSION

Créer les conditions pour que chacun·e se sente entendu·e, c’est primordial !

Dans notre monde complexe et incertain, c’est la somme des subjectivités qui permet de voir “aussi clairement que possible” une situation donnée… C’est aussi utile pour prendre des décisions partagées, sans laisser personne sur le bord de la route, voire en créant de l’engagement ! Sans compter le fait que cela éviterait bien des violences dans les rapports humains…

Et vous, vous sentez-vous entendu·e ? Que faites-vous pour mieux entendre les autres ?