Ce matin encore, j’avais mis mon réveil à 6h45. Je savais qu’une grosse journée s’annonçait et qu’avoir du temps le matin est une des clés pour être en forme ! Mon objectif : méditation, petit déjeuner fait maison et étirement. Mon réveil a bien sonné… mais je me suis levé 1 h plus tard ! Réalité : habillé « à l’arrache » je suis parti en courant.
La suite de la journée a été comme un écho. Un client me racontait la transformation dans sa boîte : la direction avait conçu un plan brillant, qui visait à faire de l’entreprise un leader du service. Le plan était clair, les objectifs bien définis et des instructions cascadaient même dans les différentes directions. L’annonce du plan avait été faite il y a 1 an. Et depuis, rien ! Une forme d’inertie globale empêchait le plan de s’incarner…
Point commun à ces 2 histoires ? Notre tendance à considérer que nos décisions rationnelles devraient provoquer le changement. Or, on ne cesse de constater l’inverse !
Pour éviter de s’entêter dans des solutions qui ne fonctionnent pas et mieux comprendre ce qui se joue, on pourrait distinguer, au sein de nous-même, 2 personnages :
Le cornac : la partie rationnelle
- Il tient les rênes mais… il a un contrôle très limité (il peut diriger par force pendant très peu de temps)
- Il pense long terme au-delà de l’instant
- Mais il a aussi tendance à sur-analyser et à tourner comme le hamster dans sa roue
L’éléphant : la partie émotionnelle
- Paresseux, il aime les habitudes et les gratifications instantanées (les bonnes résolutions enterrées le 4 janvier… c’est lui !)
- Mais il fournit aussi les « bonnes » émotions : amour, courage
- Il gagne à chaque fois qu’il est en conflit avec le cornac
- Et, c’est lui qui fait les choses !
On le voit, dans nos 2 histoires : les décisions du cornac ne s’appliqueront que si on prend en compte la volonté de l’éléphant !
Alors comment faire ?
Voici 3 règles, simples et éprouvées, pour motiver l’éléphant :
1/ Il n’y a pas de changement réussi sans émotion ressentie !
Nous ne sommes pas des machines rationnelles et mécaniques ! Ce sont nos émotions qui nous gouvernent. La question primordiale est : que voulez-vous faire ressentir ? Que devez-vous montrer pour cela ?
Dans les exemples :
C’est un échange avec mon voisin qui, finalement, m’a motivé à démarrer. Il avait l’air si heureux de se lever tôt !Chez mon client, les premières learning expeditions ont été un déclencheur : voir d’autres entreprises qui font différemment et qui ont la pêche, ça a fait envie aux managers !
2/ Moins le changement paraît difficile, plus je vais me lancer !
Ce n’est pas en augmentant le niveau d’exigence qu’on encourage le changement. L’éléphant a besoin de savoir qu’il peut réussir avant de se lancer. D’où la question : comment pouvez-vous montrer que le changement a déjà été entamé ?
Dans les exemples :
J’ai réalisé que je pratiquais déjà assez régulièrement le lever tôt quand je me couchais à une heure raisonnable ! De même, un discours du PDG mettant en avant les efforts déjà accomplis et le fait que la transformation était déjà en route a eu un effet extrêmement positif sur l’entreprise de mon client.
3/ Qui ferait ce genre de changement ?
On prend des décisions selon des logiques identitaires : qui je suis ? A quel genre de situation suis-je confronté ? Que ferait quelqu’un comme moi dans cette situation ?
La bonne nouvelle, c’est que nos identités sont plastiques. D’où la question : comment créer et valoriser l’identité qui correspond au changement souhaité ?
Dans les exemples :
J’ai construit progressivement cette nouvelle identité, plus saine, en faisant attention à ce que je mangeais et en faisant du sport… ce qui a facilité la transition vers les levers tôt me laissant un délai de 1h30 avant de partir au travail. Chez mon client, les RHs ont pu remonter que les opérationnels bloquaient sur la question de leur identité professionnelle dans cette transformation. Qui allaient-ils être dans cette nouvelle vision de l’entreprise ?
Sources :
- Cet article est librement inspiré du livre Switch de Chip et Dan Heath (une synthèse est disponible ici)
- La métaphore du cornac et de l’éléphant vient de Jonathan Haidt, auteur de The Happiness Hypothesis.